Si le regard m'était conté

Publié le 27 mai 2020 à 22:41
Quand on n’a pas été regardé, ni vu comme l’étincelle infinie de vie, la merveille que nous sommes… on peut rester dans l’attente de ce regard qui nous reconnaitra, nous dira qui on est, nous permettra d’exister… on vit en guettant le regard de papa ou de maman, puis des autres, de la petite copine ou du petit copain, des amis, de la femme ou du mari, du patron, du voisin… on perd notre pouvoir….
 
Si les autres non plus ne nous voient pas, on souffre, on ne fait plus rien ou au contraire, on s'agite, on ferait tout pour qu’ils nous voient, on devient prisonnier.
Il peut arriver que quelques personnes nous voient vraiment, ou que du moins on le croit, mais si elles s’éloignent, on les cherche, on devient dépendant.
 
Et un jour, on commence à les regarder ses autres. Nous ne regardions que leurs regards, nous commençons à les voir eux-aussi.
Alors, on marche, on observe, on regarde, on regarde les jeux de regards.... Jeux de regard, jeux de pouvoir...
 
« Un ami est attablé en attendant un autre. L’autre arrive en marchant tranquillement. Celui qui est assis le regarde, il le regarde avancer sans tenir compte de l’environnement autour de lui, en le détachant de l’environnement, il le scrute. Celui qui avance se sent mal dans ce regard, son pas devient moins assuré, il s’agite.
Même scène, l’ami regarde l’autre avec bienveillance, il ne le regarde pas que lui, mais lui avec ce qui l’entoure, l’autre fait partie de l’environnement, du tout. Celui qui avance se sent bien, il se sent accueilli, il n’a pas besoin d’être autre chose que ce qu’il est et de faire quoi que ce soit que ce qu’il fait déjà, avancer vers son ami. Son pas devient plus ferme et plein d’entrain.
Celui qui avance subit le regard de l’autre. Mais il peut aussi le regarder cet ami qui l’attend assis sur sa chaise. Il peut le regarder avec un regard scrutateur et jugeant, il peut aussi le regarder avec bienveillance. Tant qu’il regarde, il ne subit plus le regard. »
 
Regarder l’autre, voir l’autre… et on est protégé de son regard, on avance en étant soi.
Et ainsi soi, on avance, on les regarde ses autres… peut-être d’abord comme on a été regardé ou comme l’on se regarde soi-même, avec jugement, scrutation, détail…
 
Et puis un jour, on croise un ou des regards bienveillants et on se met à regarder certaines personnes avec bienveillance et amour… et on se rend compte que cela nous réjouit et nous nourris davantage….
 
Alors on continue d’avancer et de les regarder ses autres avec bienveillance et amour… on est émerveillé et aussi catastrophé de voir la souffrance et les manques de ceux dont on attendait le regard.
 
Et à force de les regarder avec bienveillance, amour et sans attente… un jour on se voit aussi soi, on se regarde ! On tourne vers l’intérieur ce regard bienveillant qu’on adresse aux autres.
 
Enfin, le seul et unique regard dont on avait tant besoin, nous a trouvé.

 

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